Quelle amitié dans ces fortes mains pour les êtres et les choses, quelle douceur ! Je les regarde jeter du grain aux pigeons, délivrer de sa chaîne l'énorme saint-bernard qui cogne aussitôt la hanche du garçon et gémit de joie sous les caresses, flatter une à une les croupes des cinq chevaux déjà bourrues de leur piil d'hiver... Il y a une tendresse native, une chaleur du cœur que le moindre geste trahit, les plus simples paroles. C'est elle que l'on respire ici comme éparse autour d'une présence humaine - et si sourdement puissante qu'on en vient à croire possible cette mystérieurse réconciliation (dont chacun de nous porte en soi la nostalgie) avec tous les êtres qui ont appris à craindre l'homme et à le fuir comme un bourreau.